VIVA... la vita au temps du corona

Corona oblige, nombre de manifestations qui font la richesse habituelle de notre ville de Lancy (Suisse) sont annulées, laissant ainsi de l'espace dans le journal communal. A l'invitation de sa rédactrice en cheffe, nous avons ainsi pu nous étendre un peu plus largement qu'à l'accoutumée dans ses colonnes, et présenter les principes fondateurs de nos activités.

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VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement) est née voici à 11 ans à Lancy de la volonté que nous avons eue, mon mari et moi, de mettre en œuvre concrètement à l’échelle de notre communauté de vie les connaissances acquises dans nos travaux universitaires, et tout particulièrement une envie de montrer qu’il est possible – et nécessaire – de penser autrement le vieillissement. De ne pas concevoir ce dernier comme un écueil qui guette sournoisement à l’angle de la retraite, mais bien comme un processus dynamique qui s’exerce chez chaque personne dès sa naissance.

Si nous disposons d’un bagage de départ déterminé par le patrimoine génétique de nos parents, notre voyage de vie va le mener à des ports bien différents : en effet, la science nous montre que, tout au long de notre existence, de multiples facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, culturels, environnementaux, etc., en interaction, qui vont moduler notre destinée et infléchir la manière dont nous vieillirons, notamment sur le plan cérébral.

Plus simplement dit, il en découle que ce que nous faisons et vivons, dès notre naissance, va constituer des bonus ou des malus par rapport à notre capital de départ, et donc que des mesures préventives peuvent nous permettre d’augmenter nos chances.

Certaines de ces mesures dépendent fortement de comportements individuels, comme la manière dont nous nous nourrissons, notre activité physique, la consommation excessive de tabac ou d’alcool, mais d’autres relèvent de responsabilités collectives. C’est le cas de l’accessibilité à la culture ou à l’éducation toute la vie durant, de la qualité de l’environnement et de sa praticabilité pour des personnes fragilisées, de la mise à disposition de lieux de rencontres, d’espaces dédiés à l’activité physique, et aussi de l’encouragement de la participation des aînés dans tous les domaines de la vie sociale…

Ainsi, depuis 10 ans, en collaboration avec de nombreuses associations et instances communales, et grâce à des subventions communale, cantonale et fédérale, VIVA a lancé de nombreuses actions pour la santé des aîné.e.s et des générations qui suivent. Ses axes prioritaires d’activité sont des actions de prévention (activité physique, culture, nouveaux apprentissages…) et de renforcement de liens (notamment intergénérationnels) dans les quartiers, notamment de liens intergénérationnels grâce à de nombreux projets menés avec les écoles de Lancy.

VIVA veille à favoriser l’engagement des aîné.e.s dans la société, dans des activités leur permettant d’avoir des objectifs, des projets dont se réjouir, de rompre l’isolement, de prendre du plaisir, de se développer et d’avoir un rôle social valorisant. En outre, des moments de convivialité sont organisés pour permettre de tisser et renforcer les liens. En effet, la participation à des activités stimulantes apporte plus de bénéfices encore si elle se développe dans un groupe auquel les personnes se sentent appartenir.

Or, aujourd’hui, avec ce virus qui menace l’humanité - et tout particulièrement les plus de 65 ans, jugé.e.s « à risque » - plus rien ne semble possible…

Fort heureusement, une heureuse conjugaison de liens de confiance bien établis et l’imagination qui doit se débrouiller pour contourner les difficultés ont permis de mettre très rapidement en œuvre une série d’actions destinées à soutenir les confiné.e.s âgé.e.s.

La lecture d’un article paru en mars dans la prestigieuse revue médicale britannique « The Lancet » sur les effets psychologiques néfastes d’une quarantaine forcée nous a donné des pistes. Les points-clés de cet article, qui reposait sur des données recueillies lors de l’épidémie du SRAS, sont les suivants :

• L’information est essentielle, les gens ont besoin de comprendre la situation
• Une communication efficace et rapide est essentielle
• Il faut un soutien logistique, voire médical si nécessaire
• La dimension altruiste du confinement doit être valorisée

Ainsi, alors que le service des affaires sociales de Lancy organisait un formidable soutien logistique, nous avons immédiatement mis en place une chaîne d’appels téléphoniques pour soutenir nos membres, au gré de leurs besoins allant d’un appel hebdomadaires à des appels quotidiens. Par ailleurs, nous avons rapidement édité une petite brochure expliquant ce qu’était le coronavirus et les moyens de l’éviter - son succès a dépassé nos frontières puisque même des pharmacies belges la proposent dorénavant !

Ensuite, nous nous sommes trouvés face à l’expression du stress ou de l’anxiété de certain.e.s de nos participant.e.s, au sentiment d’inutilité, de manque d’activité… et avons décidé d’éditer plusieurs fois par semaine une infolettre A4 recto/verso, aussi proposée sous forme de chroniques sur notre blog (http://association-viva.overblog.com), qui présente à la fois des conseils pour faire face au confinement (alimentation et cuisine, activité physique à domicile, détente et relaxation), mais aussi une ouverture culturelle, notamment avec l’adjonction de poèmes issus des ateliers de poésie et convivialit(h)é animés par Aline Morzier, vice-présidente nonagénaire de l’association !

L’équipe de psychologues prolifiques de VIVA s’est attelée à la tâche avec ses compétences et son enthousiasme, et nous avons aussi pu profiter de diverses contributions apportées par des membres ou partenaires de l’association : conseils pour des exercices physiques, recettes « santé », stratégies individuelles… Les synergies existant déjà ont ainsi pu être très rapidement activées pour œuvrer à une belle solidarité collective !

L’intergénérationnel n’est pas en reste, puisque des enseignants nous ont spontanément proposé des lettres et des dessins de leurs élèves, qui seront partagés entre des membres de VIVA et des résidents des EMS et immeubles avec encadrement pour personnes âgées de la commune. Des dizaines d’étudiant.e.s de l’université se sont aussi porté.e.s volontaires pour écrire une lettre à un.e aîné.e confiné.e, et autant d’échanges épistolaires sont désormais en cours, remettant au goût du jour des coutumes que l‘on croyait perdues … et offrant aux uns comme aux autres une opportunité magnifique d’ouverture à l’autre, de découverte… dont nous espérons que, à l’instar d’autres beaux élans de partage et de centration sur des valeurs humaines essentielles, elles perdureront bien au-delà du Grand Confinement, et se traduiront par d’aimables « confinâges » dans nos cités…

A l’heure où j’écris ces lignes, le nombre de malades augmente encore, des gens meurent seuls à l’hôpital, nombre de professionnels sont sur le qui-vive, sauvant des vies ou assurant notre subsistance, d’autres se rongent les sangs à ne pas savoir comment ils pourront combler des semaines d’inactivité économique… je ne peux qu’espérer que personne n’oubliera et qu’un sursaut d’humanité salutaire et solidaire surgira des ravages du coronavirus et s’installera durablement dans nos vies…

En pensées profondes avec chacun.e d’entre vous, MERCI, santé, amitiés, courage et solidarité !

Association VIVA : 022 792 51 43   association.viva@gmail.com   http://association-viva.overblog.com